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Un bébé, une Odyssée...
14 juin 2010

Nouveau regard sur mon accouchement

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J'ai récemment eu la chance de revoir M. La sage-femme extraordinaire qui était à mon accouchement à l'hôpital Lasalle. Elle y faisait son stage en milieu hospitalier dans le cadre de sa formation de 4 ans pour devenir sage-femme.

- M, te souviens-tu de mon accouchement?

- C'est sûr que je m'en souviens! C'est tellement rare les accouchements sans épidurale à l'hôpital, et ton chum et toi étiez vraiment  beaux, il y avait beaucoup de force qui se dégageait de toi pendant ton travail.

- Je voudrais savoir deux choses qui me turlupinent: Quelle complication ai-je évité? et aussi Pourquoi je n'ai jamais eu le "réflexe de poussée"?, ce réflexe naturel où tout ton corps pousse tout seul et le bébé sort...

Je m'explique: Lors de l’accouchement de Matteo, toute la phase des contractions fut un rêve! C’était très intense mais pas du tout douloureux. Le travail a commencé à la maison, la nuit et tout allait bien. Puis, Pascal et moi étions seuls dans la salle-de-bains de l’hôpital afin d’être laissés en paix (dans la chambre la circulation des infirmières, la lumière, le médecin, tout ça m’empêchait de me connecter à mon instinct, d’entrer en moi). A chaque contraction, tout était si « smooth », comme une danse primordiale, tout était dans l’ordre des choses. En 4h30 j’étais « complètement dilatée » selon mon médecin (ce qui est très rapide pour un premier accouchement). Et c’est lorsqu’il m’a dit que maintenant c’était le temps de pousser que ça a commencé à être très très très difficile.

La phase de la poussée, qui normalement est assez rapide (+/- 20 minutes) et vient d’une envie très forte de tout le corps de la mère d’expulser le bébé, eh bien pour moi ce fut l’enfer. C’était tellement douloureux et long (plus de 2 heures!). A un certain moment, le médecin m’a dit sur un ton très sérieux : « là il faut vraiment pousser » et je me suis dit : « il faut arrêter d’être une chochotte, sinon ça va mal aller et ça va finir en césarienne »… Dans son ton, je sentais qu’il y avait un « danger », une complication en vue et j’ai eu peur. J’ai poussé tellement malgré la douleur très intense et Matteo est né.

Cette poussée m’a traumatisée. Sur le coup, je me suis dit que je ne voudrais plus jamais d’enfants… que ça avait pas de sens à quel point ça m’avait fait mal. Le fait de ne pas avoir eu le réflexe de poussée comme toutes les femmes que je connaissais m’a fait douter de mon corps « Suis-je normale? », « Pourquoi moi je n’ai pas été capable de pousser? ». Bien sûr, j’étais tellement heureuse d’avoir mon bébé dans mes bras et d’avoir eu un accouchement sans intervention (pas d’épidurale, d’épisiotomie, etc.) mais j’étais marquée au fer blanc par cette poussée…

C’est pour ça que je suis allée voir M. J’avais besoin de savoir… savoir pour reprendre confiance en moi, en mon corps, savoir que je serais capable d’accoucher à la maison pour un second enfant.

- Oh Joanna, si tu savais… Ton médecin, il t’a fait pousser à 8!!! Il t’a fait pousser avant d’être complètement dilatée (10 cm)! A un moment donné, parce que ça n’allait pas aussi vite qu’il avait prévu, il a dit « qu’il allait t’aider », et j’étais scandalisée, je me disais « ben voyons, cette femme là n’a tellement pas besoin d’aide! Laissez-là aller et tout ira bien! ». A ce moment, il a introduit ses doigts dans ton corps et à forcé la dilatation du col. Tu as poussé un de ces cris de douleur et moi je capotais. Déchirer ainsi volontairement ton col avait comme seul effet que ton corps entier se rétractait, avait peur et mal. L’infirmière avait vu le choc sur mon visage et m’a dit par après « il fait ça à toutes les femmes, il les fait toujours accoucher à 8! »

- Quoi!!!! Mais…mais… pourquoi il a fait ça? dis-je en tremblant d’émotion, en tremblant de colère… en me remémorant ce moment si pénible.

- Pourquoi tu penses?

- Je sais pas moi, comment on peut faire un truc pareil!

- Pour arriver à l’heure à sa consultation, tiens!

- Mais… Mais… Mais… c’est pas possible… comment c’est possible?!? J’étais tellement révoltée. Je revoyais les deux heures défiler devant moi, cette lutte avec moi-même contre les sentiments qui m'envahisaient "je ne suis pas capable, c’est trop dur"… Soudain, une marée de tristesse m’emplissait, j’avais l’impression d’avoir été trahie par cet homme, qu’il m’avait volé une partie de mon accouchement.

- Tu sais, il y a des médecins qui n’ont pas l’habitude de voir des femmes sans épidurale. Ils ont l’habitude d’être en contrôle de la situation, de dire quand pousser et quoi faire car la femme ne sent plus ses contractions. Ils ne font plus confiance au corps et ne voient que les complications possibles. Et puis, tu avais l’air d’avoir tellement de force et de pouvoir pendant ton travail, il y a des hommes qui ont un besoin de « t’aider » et d’ainsi t’enlever une partie de ton pouvoir : eux, ils savent, eux ils t’aident car bien sûr, tu as besoin d’aide…

- Et que se serait-il passé d’après toi s’il n’avait pas fait « ça »…

- Tu aurais probablement accouché +/- au même moment, sauf que ça aurait été à ton rythme et à celui du bébé, au lieu d’être un combat psychologique intense pendant ces 2 heures. Au bon moment, un peu après être complètement dilatée, tu aurais eu le réflexe de poussée comme toutes les femmes du monde. Tu n’aurais pas eu si mal car ça aurait été progressif et initié par ton corps à toi. Tout allait bien quand ton chum et toi vous étiez seuls. Toi, tu aurais très bien pu accoucher chez vous sans personne…

Ouf! Ces mots, cette rencontre m’ont libérés… bien sûr j’étais révoltée, mais en même temps, maintenant, JE SAIS! Je sais que mon corps n’a pas de défaut, que c’est une intervention d’un médecin trop pressé qui a rendu la fin de l’accouchement difficile mais que sans cela, tout aurait été si simple. Je me sens libérée. Pour un prochain bébé, c’est décidé, ce sera à la maison et tout sera si beau!

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Commentaires
J
Bonjour Lili,<br /> <br /> <br /> <br /> merci bcp d'avoir pris le temps de partager votre expérience en laissant un commentaire. <br /> <br /> Je suis très heureuse de lire votre témoignage. Ca me fait du bien pour vrai! <br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez raison, ce médecin se soucie vraiment de la relation avec les femmes qu'il accompagne notamment en prenant le temps lors des rencontres prénatales et en se faisant un devoir d'être là pour les accouchements (alors que la plupart des autres médecins travaillent en équipe avec des gardes et des horraires donc souvent on accouche pas avec le médecin qu'on connait et qui nous a suivi tout au long de la grossesse). Ca a été très rassurant pr moi de le voir en arrivant à l'hôpital et non pas un étranger.<br /> <br /> <br /> <br /> Je sentais qu'il respectait mon souhait d'un accouchement naturel et il n'a jamais parlé d'épidurale. <br /> <br /> <br /> <br /> En fait, les seules choses que je n'ai pas aimé de l'accouchement sont <br /> <br /> 1) reliées avec le fait que ça se passait ds un hôpital et qu'un hôpital reste un hôpital (peu intime, des infirmières qui entrent et sortent, changements de shift, bcp de lumière, de paroles, d'équipements médicaux, ils m'ont obligé en arrivant de rester 20 minutes sans bouger avec un moniteur ce que j'ai pas du tout aimé)<br /> <br /> 2) reliées au fait qu'il m'a "ouvert le col" de 8 à 10 cm et cette douleur a fait en sorte que toute la phase de la poussée a été très longue et difficile et que je n'ai jamais eu le réflexe de poussée. <br /> <br /> <br /> <br /> Pour le reste, ça a été "correct"... <br /> <br /> <br /> <br /> Je viens d'accoucher de mon second bébé, à la maison, avec juste mon chum et cette sage-femme merveilleuse qui était là lors de l'accouchement de mon premier enfant. Ce sera l'objet d'un nouveau billet car je compte reprendre l'écriture de mon blog. Et l'accouchement était si différent. C'était le jour et la nuit en comparaison. Tout fut si rapide (environ 2h en tout) et si intime (il faisait tout noir, c'était le silence, j'étais chez NOUS, j'étais debout tout au long de l'acocuchement) et cette fois-ci, j'ai senti la force de tout mon corps qui a poussé tout seul, c'était si simple, si beau. <br /> <br /> <br /> <br /> Merci encore pour votre passage et votre partage, j'espère sincèrement que toutes les femmes qui accoucheront avec lui auront une si belle expérience.<br /> <br /> <br /> <br /> Au plaisir,<br /> <br /> Joanna
L
Je vient de lire l'avanture de ton accouchement.... Pas très le fun a vivre....moi j'ai 3 enfants et Hamel a été mon docteur a mes 3 enfants et je dois avouée que pour ma part il a été une perle....j'ai accoucher a 10 et 2 avec l'épidurale et la dernière naturel et seulement de belle expérience.... J'ai aussi attendu des heures pour un rendez-vous de grossesse car il étais partie accouché un femme quand il revenais a la clinique il avais le gros sourire dea fois il disais un commentaire du gars c'était un beau gros bébé en santé 10lv (meton) et il avais l'aire fière...... Je trouve ca domage de lire ton histoire......pt une mauvaise journée plusieur femme accouchait?!?!?! Même que le l'en demain il venait me voir a ma chambre si j'allais bien et le bébé....<br /> <br /> <br /> <br /> Bonne journée !
M
un peu en retard pour le commentaire, mais je suis tombée sur ton texte...et ouf! Je suis suivie par une médecin de famille et accouchée par elle...et c'est tellement merveilleux (il faut dire qu'elle a eu 5 enfants), elle suit les désirs de sa patiente...naturel ou épidural, peu importe que les désirs de la patiente, SA patiente...et que personne n'approche!! Je trouve vraiment dommage qu'il y ait encore des médecins pour faire "contre nature", mais il y en a aussi des excellents. Je te souhaite un prochain accouchement à la hauteur de tes rêves...
L
Je suis hereux que t'as comprendre que c'est pas un probleme avec toi mais un question d'intervention de le medecin qui a rendre dificil ton accouchement. Nous aussi esperons que notre prochaine enfant va etre nee chez nous. C'est un experience incroyable, l'accouchement sans intervention (je pense que je suis chanceux d'avoir eu ma fille en hopital, mais avec les sages-femmes!)
L
Toi, pleine de pouvoir au moment de ton accouchement? Toi, pleine de pouvoir à tous les moments de ta vie chère amie et cette décision de vivre un accouchement à la maison la prochaine fois est tout à fait à ta portée pour que cet accouchement t'appartienne en entier.
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