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Un bébé, une Odyssée...
19 juillet 2010

Abitibi

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L’Abitibi. Obaska. Nous y voici, dans notre chalet au bord du lac. Assise dans le divan, entourée de trois fenêtres, à perte de vue : l’eau. Les lacs sont partout en Abitibi, ils peuplent le paysage de leur majesté comme les gratte-ciels à New-York. Le bercement régulier des vagues qui viennent mourir sur la plage, le calme, l’espace, le vent. L’Abitibi, c’est tout ça. L’espace surtout. Quand on vient d’un pays minuscule peuplé de 300 et quelques habitants aux km2, l’espace infini qui règne ici nous bouleverse. Parfois ça fait même peur, on n’est pas habitués… Il faut toujours un moment d’adaptation, afin de laisser notre corps et notre esprit s’acclimater à cette nouvelle réalité. Traverser le parc de La Vérendrye, lorsqu’on monte en Abitibi, voir défiler le paysage (des arbres, des arbres et encore des arbres)… pas la moindre petite maison pendant 2 heures de route… ça c’est quelque chose de spécial pour une belge !

Cela fait une semaine que nous sommes arrivés à Obaska, là où Pascal a grandi, au bord du Lac Tiblemont. Notre chalet est un « work in progress » depuis déjà 4 ans et là, nous touchons à la fin de notre entreprise de rénovation. Depuis peu, Pascal a fini son travail de moine pour qu'on ait l'eau du lac (chaude et froide) et le système de fosse sceptique. Avoir l'eau au chalet, ça change TOUT! Comme souvent, il faut être privé de qqch pour se rendre compte à quel point c'est essentiel et précieux. Maintenant, on peut enfin cuisiner chez nous (quel bonheurè!!!), se laver les mains, aller aux toilettes, se brosser les dents au lieu de dépendre de la mère de Pascal comme avant.  Hier fut une journée bien productive : toilette posée, teinture d’un meuble et d’une porte, peinture de la SDB, construction du petit lit de Matteo qui est collé sur notre lit Queen (comme un side-car), et la touche finale la plus plaisante : les deux grands murs du chalet arborent maintenant fièrement les couleurs splendides des deux toiles que nous avions ramenées de Bali. L’une est une œuvre abstraite, très simple, qui fait penser à un caractère chinois qui dense dans un désert de sable et de sel ; la seconde, qui surplombe notre lit, est le visage du bouddha en  version contemporaine. Ces deux œuvres d’art donnent une âme, une chaleur et une touche unique à notre petit nid abitibien.

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J’adore ce chalet ; j’aime l’idée que Pascal y a presque tout construit de A à Z, au fil du temps. Et ce que lui n’a pas fait est l’œuvre de son père, puisque c’est bien Jean-Paul qui, il y a plusieurs décennies construisit ce chalet sur le terrain familial. La partie qui est maintenant notre chambre et la SDB étaient jadis un hangar à bateaux. C’est vous dire la proximité de l’eau : il y a une pente de quelques mètres qui mène directement au lac. J’aime aussi le côté « patchwork » du chalet : l’heureux mariage entre les objets récupérés à gauche et à droite et qui portent l’emprunte de l’histoire familiale (miroir de matante Gertrude, vaisselle reçue comme cadeau de mariage par les parents de Pascal, commode et couvertures de la grand-maman, vieux skis nautiques en bois transformés en étagères,…), les objets fabriqués par Pascal (le magnifique meuble de lavabo)  et les objets que nous avons rapportés de voyage (lampe du Laos, couvre-lit multicolore du Guatemala, peintures de Bali).  Un lieu est toujours à l’image de ses occupants et nous espérons tant qu’il soit un petit cocon d’Amour, emprunt de simplicité et de joie de vivre.

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Comme à chaque matin depuis que je suis ici, j’ai pratiqué le yoga sur notre patio, devant l’immensité du lac. Le vent était très fort aujourd’hui, je fermais les yeux et m’efforçais à prendre entièrement conscience de mon corps, à entrer en lui. Ici et Maintenant. Hic et nunc. En yoga, l’instant présent seul compte. J’adore le yoga. C’est probablement LA chose au monde qui me fait sentir le mieux dans mon corps. Après une heure d’asanas, mon corps est comme une plume, si léger et élastique. La magie des postures (asanas) et des respirations (pranayama) qui permettent à l’énergie qui nous habite de circuler adéquatement sont une science veille de plusieurs millénaires. « Notre corps est un temple » comme disait je ne sais plus quel poète français (Rimbault ?). Il nous faut l’honorer, le respecter, l’apprivoiser. Dans la pratique quotidienne, il y a des moments où on se sent transportés dans un moment d’extase et de rêve, moments où les limites de notre corps n’existent plus, où on se fond dans le Tout de l’Univers. Et puis il y a des moments où c’est pas si « top » que ça… Mais c’est la régularité qui est importante et qui permettra, un jour que mon corps puisse rester assis de longs moments pour méditer. Eh oui, le but véritable du yoga est de préparer le corps pour la méditation. Car rester assis pendant des heures, sans bouger du tout, n’est pas chose facile.

Pendant mon voyage autour du monde, j’ai expérimenté une retraite dans un temple bouddhiste thaï. 10 jours de silence complet, aucune parole. Même pas pour annoncer aux autres que c’était ma fête l’avant dernier jour, j’avais 19 ans. C’était mon anniversaire le plus spécial. En silence, en solitude. Nous nous réveillions au son d’une cloche à 5h du matin, pour aller méditer dans l’espace prévu à cet effet : des piliers recouverts d’un toit, on était donc en contact étroit avec l’environnement. La saison des moussons battait son plein et des torrents de pluie martelaient le toit d’un bruit sourd. La « technique » était des plus simples : rester assis, se concentrer sur sa respiration, ce flot de vie qui rythme notre existence sans que nous en ayons conscience, c’est tout. Et comme toutes les choses simples, ce fut une des choses les plus difficiles de ma vie. Un moustique, une envie de me gratter, de bouger, une douleur au dos, des fourmis dans les jambes, une pensée… tout concourt à vouloir fuir cet état de paix et d’immobilité. Les pensées sont incessantes. Essayez de ne pas penser et vous serez bombardés ! Notre mental est très puissant et créatif, toujours dans le passé ou dans l’avenir, dans ce qui n’Est pas. Être, être vraiment, c’est vivre dans le présent. La seule façon d’y arriver, c’est d’inlassablement, revenir, ici et maintenant, par le biais de l’attention portée à la respiration. Lutter contre les pensées ne sert à rien. Comme me le disait un jour mon professeur de saxophone qui était comme un maître pour moi : « Tu es assise sur le rivage, devant toi la rivière. Des bateaux passent, un à un, observe-les, puis laisse les passer sans t’y attacher. Ce sont tes pensées. Prends-garde à ne pas monter à bord du bateau, reste sur la rive. Avec la pratique, un jour, il y aura de moins en moins de bateaux et tu maîtriseras l’art de rester sur la rive, en toi. L’Art de la méditation. » Cela fait plus de 10 ans que Marc m’a dit ces mots. Et aujourd’hui encore, je suis si loin de la pratique de yoga et de méditation que j’aimerais vivre. Je manque de discipline alors que je sais que cela me fait tant de bien.

Ces 5 semaines en Abitibi, mon défi, mon objectif est donc de pratiquer le yoga au moins un jour sur deux, si possible tous les jours. Et le spectacle du lac est si propice et invitant. C’est décidé : pour moi, pour mon corps, pour mon bonheur, je le fais !

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Commentaires
L
Je te souhaite de poursuivre tes buts, ils sont doux et forts. <br /> Et j'aime beaucoup cette image du havre de paix qui retrace le patchwork de votre vie... puis la proximité de l'eau, ce lac... quoi de plus ressourçant... j'aime, ici à Koh Tao, passer du temps à regarder la mer depuis la plage, on dirait qu'elle parle.<br /> <br /> Bisous
L
En effet, nous sommes liées par nos bonnes résolutions! Votre chalet semble un véritable havre de paix. Plus besoin de faire le tour du monde chère amie. Tu as trouvé un coin de paradis.
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