Pourquoi le jeu LIBRE est si important pour le développement des enfants?
Du sable, un jeep... le paradis!
J'ai décrété officiellement: je n'aime pas le jeu dirigé, je suis une FAN invétérée du jeu libre. Anecdote comique: alors que je viens de finir ce post sur le jeu libre, je vais lire un blog que je suis pour y trouver justement un post sur le jeu libre!!! faut croire que c'est dans l'air :o)
Mise en situation: la semaine passée, j'allais pour la première fois avec Matteo à un atelier parent-enfant organisé organisme communautaire pour les familles du quartier. Nous sommes les seconds arrivés. Matteo se garoche illico presto sur la valise bleue qui contient au moins 50 petites voitures (YES it's possible: paradise in a box!). Il se retrouve au 7ème ciel à jouer à faire glisser les autos sur les immenses glissades jaunes qui tourbillonnent sur plusieurs étages. Bientôt les autres enfants et leurs mamans arrivent et le groupe est complet.
L'activité commence: nous passons à la pièce d'à côté. Il faut donc forcer les enfants à arrêter le jeu dans lequel ils sont plongés. Arracher les autos des mains de Matteo était quelque chose de "brusque", heureusement, son radar hyper précis a immédiatement repéré un camion de pompiers et un tracteur dans l'autre pièce. Là, l'animatrice nous explique qu'il y a un rituel pour débuter la séance: à tour de rôle, chaque enfant va coller un collant à côté de son nom et puis tout le monde l'applaudit bien fort. Après la séance de collants, il y avait un jeu de ballon, puis une contine, puis un livre raconté par une peluche-lion, puis pendant 5 minutes les enfants pouvaient regarder les livres, puis il fallait repasser à la pièce d'à côté pour faire de la peinture (l'emprunte de la main de bébé) et puis,... ENFIN, les enfants pouvaient jouer LIBREMENT...
Mes amis, j'ai rarement été aussi nerveuse dans la dernière année! J'avais l'impression d'être coïncée par un horraire réglé au quart de tour et la présence de 7 enfants (qui parfois pleuraient parce qu'ils ne voulaient pas faire telle ou telle chose "au programme") et 7 mamans (qui tentaient de communiquer leur enthousiasme devant l'activité proposée "oooo regarde le beau collant, on va le mettre à côté de ton nom!") tous réunis dans un petit espace me stressait au plus haut point.
Bref, quand il était question de rechanger de pièce pour aller faire la peinture, Matteo était encore totalement absorbé par son camion de pompier qu'il cachait dans le four de la cuisinette pour enfants, j'ai décidé de rester là, seule avec le coco, à tenter de reprendre mon calme. "Inspire, Expire, zzzzzen Joanna, zen..." Et c'est là, à cet instant précis, allongée sur les tapis mousse bleus que j'ai compris quelque chose d'important: pour moi, le JEU est à son meilleur lorsqu'il est LIBRE! Je ne me sens pas à l'aise avec le jeu dirigé, en tout cas pas à 1 an et demi. Je ne comprends pas pourquoi on doit se stresser et forcer les enfants à faire des choses quand on fait toutes ces activités "pour leur bien", "pour qu'ils s'amusent"... Pourquoi ne pas les laisser tout simplement ensemble, à jouer à leur guise. Tout ça pour dire que c'était ma première et dernière fois pour cette activité là.
Je tiens à préciser que je n'ai rien contre l'organisme organisateur et que je trouve géniales certaines de ses activités (sortie aux pommes, mecredis de jeux-libres dans un gymnase, joujouthèque et halte-garderie).
Autant je crois au sevrage à l'intitiative de l'enfant (le baby-led weaning), je crois qu'il en va de même pour l'apprentissage: le child-led learning! L'enfant sait quel jeu est bon pour lui, pour son développement, il n'a pas besoin d'un encadrement pour lui apprendre à jouer et avoir du plaisir... Il ira toujours froler la limite de ce qui lui procure le plus d'enseignements (la fameuse zone de développement proximal de Vygotsky) parce qu'une force très puissante en lui le pousse à vouloir tout comprendre et faire partie du monde des humains.
Je suis mal à l'aise lorsqu'un adulte brise la magie du jeu d'un enfant parce qu'il est temps selon lui de passer à un autre jeu. Cela me fait penser aux garderies que j'observe lorsque nous jouons au parc. Elles arrivent tous les jours (lorsqu'il fait beau) à 10h15 et repartent à 11h00 tappantes. Faites le compte: cela fait 45 minutes dehors par jours. Je n'ai jamais vu les enfants de la garderie jusqu'à 11h05. Lorsque l'heure est arrivée les éducatrices disent que "c'est le temps de ramasser, ramasser, ramasser" sur un air musical, et les enfants, comme si on avait poussé sur un bouton magique arrêtent leurs jeux et courent rapporter les pelles et les sceaux et tenir leur bout du serpentin. En moins de 5 minutes, la trentaine d'enfants est prête à quitter le parc. Comme à l'armée, au quart de tour, de futurs bons citoyens, bons employés qui savent respecter l'autorité et faire ce qu'on leur demande... Bien sûr, les enfants ne reçoivent pas de fessées ou de coups de bâtons s'ils n'optempèrent pas, mais il est frappant de constater que même les "conséquences" douces (être assis sur le banc pendant l'heure de jeu si on "n'écoute pas les consignes") ont de l'effet.
Oui, les enfants ont "l'air heureux" et peuvent "socialiser", mais j'ai un pincement au coeur de les voir obéir ainsi comme des robots. Les enfants sont résilients... Je comprends tout à fait que de leur côté, les éducatrices des garderies n'ont pas le choix d'avoir une certaine routine et qu'elles ne peuvent pas s'adapter aux besoins et rythmes de chaque enfant, mais je trouve tout de même qu'un peu plus de souplesse et de respect pour l'horraire et le rythme propre des enfants ne ferrait pas de tort... Et le "maman blues" des enfants... Avez-vous déjà vu un enfant dont c'est le premier jour ou la première semaine à la garderie? Moi oui, plusieures fois, et je peux vous garantir qu'au parc on les reconnaît et on entend leur détresse... Et voilà, je l'ai dit, je l'ai écrit... moi qui m'étais jurée de ne jamais parler du sujet si "touché" des garderies... mesdames, mon but n'est pas de blesser quiconque ici, cela reste un blog avec mes pensées personnelles, ce qui m'habite et me turlupine. Rien ne plus, rien de moins... et puis, le choix de rester à la maison n'est pas accessible à toutes au niveau financier ou au niveau de la personnalité (je connais des mamans -notamment ma propre mère que j'aime tant- qui virent folle à la maison) et comme dit Dave le bon chum à Pascal: "des parents heureux, ça donne des enfants heureux!" et il a bien raison, c'est ça le principal!
Le truc qui me chicotte c'est qu'on dirait que les garderies, c'est LE modèle unique, le moule "one size fits all" pour tous les petits québécois d'un an et plus et lorsque cela ne résonne pas avec nous comme le truc qu'on veut pour nos enfants, il n'y a pas beaucoup d'autres options. Heureusement, avec un peu d'effort, j'ai rencontré plusieurs autres mamans qui sont devenues des amies avec qui je partage mes journées afin que Matteo puisse socialiser et explorer à fond le jeu, sa job à temps plein!
Je suis absolument fascinée par le jeu. Je peux passer des heures à observer mon fils jouer. Si vous n'avez jamais fait cet exercice, je vous le conseille vivement. On apprend tellement des enfants. Ce sont de vrais scientifiques, avec une curiosité et une énergie sans limites, et en prime une méthode d'une rigueur imbattable. L'enfant manipule un nouvel objet de 100 façons différentes: le faire tomber pour voir quel bruit ça fait, le toucher, le mettre en bouche, le tourner dans tous les sens et l'observer sous toutes ses coutures. L'enfant peut être absorbé complètement par quelque chose qui pour un adulte peut sembler anodin. Il est entièrement "Ici et Maintenant", dans son jeu, dans son monde, ouvert à toutes les possibilités, prêt à vivre l'échec, prêt à tout essayer.
Vous ai-je déjà parlé du "unschooling"? Je trouve que les fondements du unschooling sont très sensés et tout naturellement et instinctivement j'en applique les principes avec mon fils.
A fundamental premise of unschooling is that curiosity is innate and that children want to learn. From this an argument can be made that institutionalizing children in a so-called "one size fits all" or "factory model" school is an inefficient use of the children's time, because it requires each child to learn a specific subject matter in a particular manner, at a particular pace, and at a particular time regardless of that individual's present or future needs, interests, goals, or any pre-existing knowledge he or she might have about the topic.
Là je sens ma mère qui capote en lisant ces mots :o). OK, ne stressez plus, c'est officiel, notre souhaite à Pascal et moi est que Matteo commence l'école, un jour, quelque part entre 4 et 6 ans, mais on penchera plutôt pour une école qui est ouverte aux idées du "child-led learning" et respectueuse du rythme propre de l'enfant. Il y a plein d'écoles alternatives formidables (notamment l'école Jonathan qui marche avec des classes de multi-âge 6 à 12 ans!). Après tout, notre enfant passera plus de 7 heures par jour à l'école, on veut qu'elle nous aille comme un gant! En attendant ce grand jour de la première rentrée, nous jouerons joyeusement et librement!
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