Pourquoi ne pas dire toujours "NON" aux enfants?
(Attention long message :o)
Un dicton dit que ce qui compte, quand on tombe, c’est de se relever… Un enfant à tellement à nous apprendre. Il peut tomber 100 fois et se relèvera toujours jusqu’à ce qu’il ait complètement maîtrisé la chose X qu’il n’arrivait pas à faire. Il faut lui laisser ce droit : celui de tomber, de se cogner, d’essayer car c’est ainsi qu’il va TOUT apprendre (les limites de son corps, le fonctionnement des objets, etc.).
Explorateur du tonnerre, Aventurier avec un grand A, le temps d’un enfant est empli de découvertes. Ses yeux brillent de curiosité et TOUT le fascine. Pas besoin de jouets fancy... Matteo n'avait aucun jouet jusqu'à 7 mois! Les objets les plus anodins peuvent l’occuper pendant une éternité. Je ne suis pas anti-jouets, mais je trouve qu’il faut choisir des jouets qui permettent à l’enfant d’utiliser sa créativité. Souvent, plus les jouets sont simples (et sans piles), plus ils sont intéressants : blocs, figurines, poupées, train en bois, balle, etc. Mais vraiment, un tiroir rempli de tupperwares, spatules, objets hétéroclites de la maison fera tout aussi bien la job!
J’aime le fait que notre maison soit « baby-proof » : Les lits sont à terre, les plantes sur une chaise, les tiroirs contenant des objets dangereux sont fermés avec des élastiques et les trucs vraiment sales (genre brosse à toilette) ou vraiment dangereux sont hors de sa portée. Matteo peut donc aller PARTOUT et toucher à TOUT sans que je doive restreindre sa curiosité sans bornes. Je ne veux pas brimer cet élan. Lui donner cette liberté témoigne du respect et de l’admiration que j’ai pour sa soif de découvertes et d’expériences. Passer mon temps à dire NON, je trouve que ça le limite, le brime dans sa liberté exploratoire, et en plus c'est fatiguant pour moi de courrir après tout le temps pour lui dire "non fait pas ci, non fait pas ça".
J’ai confiance que sa volonté de nous imiter est si forte qu’un jour il saura comment faire les choses. Mais, si on ne dit pas NON, que faire pour les choses dangereuses comme le feu (notez qu'il y a peu de choses dangereuses à sa portée, on règle le problème ainsi à la source)? Et bien, l’instinct de l’enfant est très bien fait, il approche sa main et avant de toucher il l’enlève car il sent la chaleur, ou bien il touchera une fois et ce sera la seule. OUI se planter, ça fait partie de la vie et on doit leur donner ce droit… D’ailleurs ils apprennent plus vite ainsi! Nos enfants ne sont pas faits de porcelaine et le corps est bien plus fort qu’on ne le pense souvent… Matteo s’est déjà cogné la tête d’aplomb contre le plancher en bois ou contre la table en métal et c’est vraiment rare qu’il pleure… d’habitude il se relève comme si de rien était et recommence ce qu’il faisait.
Autre avantage à ne pas dire non tout le temps… quand il faut vraiment le dire, genre si l’enfant traverse la rue en courant, ce NON aura bien plus d’effet car il est utilisé avec parcimonie.
Mais que faire quand c’est sale : dans la majorité des cas (sauf si c’est vraiment dangereux) Matteo a joué et mis en bouche les choses « sales » comme les souliers, du sable, de l’herbe et bien d’autres choses encore… Je pense que c’est un instinct pour développer son immunité. D’ailleurs, comment expliquer que les enfants des pays du Sud peuvent se baigner dans de l’eau dégeu sans être malades? Ils ont été exposés plus à cette saleté. Notre société est beaucoup trop aseptisée selon moi, de plus, tant qu’il est allaité, c’est LE moment idéal pour faire le plein de bibites et stimuler le système de défense. Matteo n’ayant quasi jamais été malade, je me dis que ça marche pas pire comme théorie pour l’instant! Et puis, c’est sa façon de découvrir ce qui se mange et ce qui ne se mange pas…
La troisième objection à ne quasi jamais dire NON : « ça fait des dégâts un enfant »! Eh oui, je le laisse faire un maximum de choses seul, se nourrir par exemple et OUI ça fait un peu plus à ramasser, il veut parfois vider un tiroir et met des objets partout, aime dérouler le rouleau de papier toilette, etc... Mon expérience avec le fait de dire le moins souvent possible NON est que ça lui permet de passer rapidement à autre chose, une fois les leçons de ce jeu là assimilées!
Un jour j’ai lu ceci : si on met des rats en cage et qu’on compare ceux qui sont dans une cage totalement vide à ceux qui sont dans une cage pleine de « jouets » (tunnels, roues et autres), les rats « stimulés » sont beaucoup plus « intelligents » que ceux qui ne le sont pas. Par contre, aucun rat de laboratoire, aussi stimulé soit-il ne sera plus habile et intelligent qu’un rat d’égout de ville. RIEN ne peut être plus instructif que la réalité.
Pascal, qui lors de son Bacc en enseignement a eu des cours de pédagogie, me parlait du concept de « zone de développement proximal », c'est-à-dire une zone à la limite de ce que l’enfant est capable de faire et qui va pousser son intelligence toujours plus loin. Je savoure les instants où je peux observer Matteo jouer, c’est un délice! Instinctivement il va faire ce qui est dans cette fameuse zone et réessayer jusqu’à ce qu’il maîtrise ce qui lui faisait obstacle.
Le JEU est le plus grand des maîtres et l’enfant est son plus fervent disciple. Naomi Aldort, une auteure que j’aime beaucoup, dit qu’il faut se réfréner de trop intervenir dans le jeu des enfants. J’ai souvent tendance à vouloir lui montrer comment les choses fonctionnent alors qu’éventuellement, à son rythme, il va finir par le découvrir tout seul, ce qui est beaucoup plus gratifiant. De plus, l’enfant ne joue pas nécessairement avec une finalité en tête, le processus est tout aussi le fun que le résultat.
A force d’observer mon p’tit bout’chou, je suis fascinée par la conscience qu’il a de son corps, il est tellement en contact avec lui-même et sait instinctivement ce qui est bon pour lui. Combien de fois je m’empiffre de fromage alors que mon ventre est déjà plein ? Matteo lui mange toujours exactement à sa faim et s’arrête dès que son corps lui signale qu’il est rassasié. Il peut arrêter complètement les solides pendant plusieurs jours s’il est malade ou fait des dents et forcer un bébé à prendre le sein ou à dormir (ce qui m’arrangerait bien parfois…) est totalement impossible ! Quel courage d’être si fidèle à soi-même, d’être si authentique… Souvent je me dis que c’est EUX qui ont tant à nous apprendre !